Céramique

Le Coq

Marc CHAGALL

  • N° C-254
  • 1954
  • Vase
  • Terre blanche, décor aux oxydes sur émail blanc, gravé au couteau et à la pointe sèche
  • 48 x 23 x 35 cm
  • Signée Chagall Marc à un pied
  • Collection particulière
    • Chagall, Picasso, Ernst - Ceramics and tapestries , Musée national, Vilnius, Lituanie, 20 avril 2024 - 30 septembre 2024

Le Coq, pièce de forme créée par Marc Chagall en 1954, est une céramique zoomorphe typique des créations réalisées à l’atelier Madoura et des « vases sculptures »1. Elle atteste des recherches formelles de Marc Chagall et des artisans de l’atelier tendant à effacer les frontières entre sculpture et céramique en tournant et modelant des pièces dans lesquelles le volume prime. Une autre céramique, de la même forme existe (Le Coq (1954)) mais dont le décor diffère. De couleur grège, l’animal à la panse ventrue et aux courtes pattes est pourvu d’une cavité dorsale, autour de laquelle est finement gravée et dessinée la silhouette d’une femme en arc de cercle. Sur la panse, un couple enlacé est gravé et rehaussé de noir, rappelant à la fois le travail de gravure et les lithographies en noir et blanc réalisées par l’artiste dans les années 1950 et 1960 et les calligraphies à l’encre de Chine de l’Extrême-Orient2. Ce décor graphique, finement ciselé dans la terre encore crue, qui souligne les éléments et fait naître les personnages à la surface des pièces, est employé par Marc Chagall à l’atelier Madoura sous l’impulsion de Suzanne Ramié et des artisans, dans la lignée de la technique du sgraffito3, lui permettant d’étendre les possibilités techniques de la céramique et de créer son vocabulaire propre dans lequel peinture, dessin, sculpture et céramique dialoguent en synergie. Les proportions du Coq, jouant sur le contraste entre un ventre très rond et des pattes courtes, confèrent à la céramique une allure cocasse et non dénuée d’humour, qui peut être rapprochée des représentations d’animaux dans la céramique populaire russe et les loubki4. Cette forme pansue et animale fait également écho aux céramiques précolombiennes, dont les productions de l’ouest du Mexique et plus spécifiquement celles de Jalisco et Nayarit5. La cavité, élément plastique et fonctionnel, peut permettre l’utilisation du Coq comme d’un vase. Mais au-delà de sa fonction utilitaire, la présence de cette ouverture est également un appel aux sens et à l’écoute des sonorités de la matière, ressemblant à celles des coquillages marins que l’on porte à son oreille pour écouter le bruit de la mer6.

A.G
1 Lettre de Marc Chagall à André Susse du 1er octobre 1956, Archives Marc et Ida Chagall, Paris, AMIC-4A-0008-021.
2 Des factures de la librairie Achille Weber à Paris, conservées dans les Archives Marc et Ida Chagall, renseignent sur les commandes de livres effectuées par Marc Chagall. Des ouvrages sur la peinture chinoise et japonaise sont mentionnés dans une facture du 30 novembre 1962, montrant son intérêt pour les arts de l’Extrême-Orient.
3 Le sgraffito (de l’italien graffiare, « griffer ») est une technique mise au point dans l’Antiquité, consistant à gratter à la pointe une couche de terre pour créer des motifs décoratifs en laissant apparaître les couches sous-jacentes.
4 Les loubki sont des gravures populaires russes réalisées dès le XVIIe siècle et largement diffusées à la fin du XIXe siècle, véhiculant des leçons de morale ou des critiques humoristiques de la société en se servant de représentations narratives, animales ou symboliques.
5 À ce sujet, voir Ancient West Mexico : art and archaeology of the unknown past, New York, Chicago, Thames and Hudson ; Art Institute of Chicago, 1998.
6 Dans son ouvrage Dans les pas d’un ange (2005), David McNeil rapporte les promenades faites avec son père le long de la plage à la recherche de galets à peindre. Il n’est donc pas impensable que la forme des coquillages vus sur le sable ait pu trouver des échos dans sa production des années méditerranéennes.

Mots-clés :

Animaux (coq), Nu(s), Amour (couple / amoureux)

Œuvres liées

  • Le Coq, 1954, Céramique de Marc Chagall

    Marc CHAGALL, Le Coq, 1954, terre blanche, décor aux oxydes sur émail blanc, gravé au couteau et à la pointe sèche, 48 x 23 x 35 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET, Fabrice Gousset/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, Le Coq, 1954, terre blanche, décor aux oxydes sur émail blanc, gravé au couteau et à la pointe sèche, 48 x 23 x 35 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET, Fabrice Gousset/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, Le Coq, 1954, terre blanche, décor aux oxydes sur émail blanc, gravé au couteau et à la pointe sèche, 48 x 23 x 35 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET, Fabrice Gousset/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, Le Coq, 1954, terre blanche, décor aux oxydes sur émail blanc, gravé au couteau et à la pointe sèche, 48 x 23 x 35 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET, Fabrice Gousset/ADAGP, Paris, 2024