Ce haut-relief en pierre de Rognes est sculpté sur ses deux faces. Un couple enlacé avec un coq, une tour Eiffel et une lune prennent place sur l’une des faces, un second couple devant un village avec un oiseau est taillé sur l’autre versant. Rare exemple de relief sculpté sur deux faces dans l’œuvre de Chagall, le Couple à l’oiseau surprend par son aspect archaïque et volontairement brut, en adéquation avec la forme dense et compacte du bloc de pierre.
La taille abrupte du matériau donne une impression volontaire d’érosion, laissant voir le passage d’un temps fictif sur la surface de la pierre. Tels des vestiges archéologiques, les vides et les cavités sculptées semblent contenir la mémoire des siècles passés, la structure même du bloc et son parti pris décoratif témoignant d’un regard vers l’architecture médiévale, et plus spécifiquement les chapiteaux sculptés romans. Lisibles à la surface de la pierre, érosions et alvéoles évoquent les roches sous-marines, les éponges et autres coraux gorgés de sel, images d’une Méditerranée mythique, ayant tant fasciné les artistes à l’aube du XXe siècle et dans la deuxième moitié du siècle.
Le choix de la pierre de Rognes, un matériau à la couleur chaude et solaire, à la texture rugueuse, granuleuse, renforce le rendu volontairement sommaire, dégageant la force originelle des premiers sculpteurs. Utilisée également dans les sculptures Le Christ (1951 - 1952) et Moïse (1952), cette pierre répond aux interrogations de Marc Chagall sur les matériaux et leurs qualités intrinsèques, s’inscrivant dans une démarche d’exploration et de découverte de la pierre, de la céramique et du verre, initiée au début des années 1950.