Tiré d’un moulage en plâtre, Le Coq fait partie d’une collection de sept autres sculptures en bronze de l’artiste, réalisées par la Fonderie Susse, en exemplaires limités. Transposé en sculpture, le coq est un motif omniprésent dans l’œuvre de Chagall : on le retrouve dans des centaines de tableaux et dessins de l’artiste – un foisonnement qui doit beaucoup à l’art populaire russe.
De par sa composition symétrique, dotée d’un socle stable, et son aspect décoratif, Le Coq rappelle la céramique des potiers de la Russie centrale, comme, entre autres, celle de la ville de Skopine, située dans la région de Ryazan, ou encore celle de Gjel, dans la région de Moscou ; le motif et la même composition étant souvent utilisés afin de confectionner des récipients à boissons fraîches. Le modelage presque rustique de l’œuvre, avec ses irrégularités et ses jeux de lumière, n’est pas sans évoquer les sculptures et les figurines réalisées à l’aide de ciseaux à bois par les artisans russes. Ce n’est pas un hasard si Ossip Zadkine, originaire de la même ville que Chagall, s’empare du motif en 1943 pour sa sculpture en bronze patinée. Présent dans de nombreuses cultures, le coq est un animal totémique en Russie, où il est associé au soleil, au feu et à la force protectrice. Le couple d’amoureux enlacés et chevauchant un coq est un thème récurrent dans le travail de Chagall ; on le retrouve notamment dans la célèbre toile Les Fiancés de la Tour Eiffel ou Les Mariés de la tour Eiffel (1936 - 1939), dans laquelle le gallinacé semble faire le trait d’union entre un passé mouvementé et un avenir plein d’espoir.