La Chèvre verte, plat réalisé par Marc Chagall en 1952, appartient à une série de grands plats émaillés aux formes simples et épurées. Sur la surface du plat, une tête de chèvre souriante est représentée de profil. Le motif, gravé au couteau et à la pointe sèche, associé à la couleur vert céladon choisie par Chagall, confère à la pièce une grande pureté formelle et graphique. Le choix singulier du cadrage resserré sur le profil de chèvre, jouant sur la circularité du plat et de la tête, est également une iconographie développée par Pablo Picasso à l’atelier Madoura. Dès 1950, Picasso décline également sur des assiettes et des plats le motif de la chèvre de profil, expérimentant différents types de décors, du tracé simple à la gravure en passant par la peinture et l’adjonction d’éléments en relief. Unique dans l’œuvre céramique de Marc Chagall, le profil de chèvre est néanmoins une iconographie récurrente dans son œuvre picturale, faisant écho à son univers de référence et parfois utilisé comme double animique. La présence bienveillante de la chèvre, qui semble regarder le monde avec ironie et malice, s’écarte cependant de la présence des chèvres picassiennes, aux corps maigres, aux os saillants et à l’expression tragique. La composition épurée fait écho à une autre céramique de l’artiste, L'Âne en visite (1950), qui explore également les qualités graphiques de la gravure à la pointe, travaillée par un trait continu sur un fond uni puis glaçuré.
A.G