Sculpture

Deux têtes à la main

ou Deux têtes, une main

Marc CHAGALL

En collaboration avec Lanfranco LISARELLI

  • N° S-23
  • circa 1952 - 1953
  • Ronde-bosse
  • 40 x 24,5 x 21 cm
  • Signée Marc Chagall en bas au dos
  • Collection particulière

Dans l’œuvre Deux têtes à la main, deux amoureux de profil se donnent un baiser. La tête de la femme, en position inversée, est renversée par le baiser qui lui est donné par l’homme, l’étreinte resserrée par la présence de la main venant enlacer son cou. Le motif de la tête renversée, présent depuis les années 1910 dans les œuvres de Chagall dont L'Homme à la tête renversée (1919), est symboliquement lié à la représentation de l’émoi et du transport amoureux, tout en étant une manifestation de l’extase, « immense dérèglement de tous les sens1 », héritée des rites hassidiques tendant à faire communier l’humain et le divin, par la danse et le chant. Ces figures inversées offrent ainsi à Chagall la possibilité d’explorer le mouvement et les torsions des corps, dans des mouvements dansants, rythmiques, calligraphiques.
La composition minimaliste, centrée sur la fusion des deux visages, qui se confondent pour former une unité lunaire ou solaire – rappelant les représentations de doubles profils présentes dans la céramique Tête-à-tête (1953) et le dessin Double profil à Mammern ou Tête à deux visages (1975), cristallise par la verticalité la réunion des principes masculin et féminin. La découpe nette et précise des profils, tout comme l’utilisation d’un matériau pur au veinage délicat, insuffle à la composition une pureté originelle, silencieuse, invitant à la contemplation par un toucher imaginaire.
La présence de la main, dont le traitement archaïque contraste avec la douceur des visages, interpelle par sa force et sa présence primitive. La main, image du geste créateur, est un élément iconographique récurrent, présent dans le Vase à la main (1953) et dans la lithographie Empreinte de la main droite de Chagall (1968). Marqueur identitaire, elle ancre l’artiste dans la création terrestre et le geste de l’artisan, présente depuis la nuit des temps sur les parois des cavernes préhistoriques. Symbole de la main de Dieu dans la tradition juive, la main se substitue à la parole dans les représentations sacrées et devient ce par quoi l’indicible s’exprime.

A.G.
1 Arthur Rimbaud, Lettre à Georges Izambard, Lettres du voyant, 13 mai 1871.

Mots-clés :

Amour (baiser, couple / amoureux)

  • Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, Sculpture de Marc Chagall

    Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, 40 x 24,5 x 21 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, 40 x 24,5 x 21 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, 40 x 24,5 x 21 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, 40 x 24,5 x 21 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, 40 x 24,5 x 21 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, 40 x 24,5 x 21 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024

  • Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Deux têtes à la main ou Deux têtes, une main, circa 1952 - 1953, 40 x 24,5 x 21 cm, Collection particulière © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024